Les militaires ivoiriens appelés à la réconciliation
Dimanche 12 mars, la 13e édition du pèlerinage annuel organisé par l’aumônerie militaire du diocèse d’Abidjan a réuni plusieurs dizaines de militaires, paramilitaires et civils autour du thème : « Toi militaire, donne ton pardon à ton frère pour un vivre ensemble heureux. »
Il est 8 heures dans le parc national de Banco à Abidjan sur la route de Yopougon. Une ambiance assez inhabituelle prévaut. Des hommes et femmes en treillis et polos estampillés « aumônerie militaire catholique » côtoient des civils en jeans, tee-shirts et casquettes. Tous sont en rang pour retirer leurs badges, sésame pour la participation au « pélé milo », le pèlerinage militaire organisé par l’aumônerie militaire diocésaine d’Abidjan.
Augustin Gossou, de la police nationale, est venu au pèlerinage avec ses trois enfants. Assis, un enfant sur chaque genou et un troisième qui le presse de questions en face de lui, Augustin est tout souriant. « Je suis venu à ce pèlerinage militaire en famille. C’est ma première fois alors comme mes enfants, je suis tout excité de découvrir la suite. »
La suite du programme, l’aumônier diocésain le P. Marc Saint-Clair Oblé la donne debout sur une table, en véritable chef de troupe dans son uniforme militaire. « Nous avons choisi un parcours de chemin de croix avec quatorze stations ponctuées de questions de compréhension pour permettre aux militaires de saisir le bien-fondé de la réconciliation. Ce sont les militaires qui protègent les populations et les biens, il est donc nécessaire qu’ils se réconcilient entre eux. Car s’il y a des fissures entre eux, la paix ne viendra pas. »
Les croix des militaires
Dix groupes de pèlerins arpentent le sentier principal de la forêt de Banco. Sous le soleil, ils méditent la Passion du Christ et tentent de la mettre en rapport avec leur quotidien de militaire ou paramilitaire.
Dans le groupe 4, la discussion est animée à propos des croix que les militaires portent au quotidien dans l’exercice de leurs fonctions.
L’adjudant Lépry est agent de police. Pour cette mère de famille en fonction dans la police ivoirienne depuis plusieurs années, le manque de respect est une croix quotidienne : « Une fois, j’ai arrêté un véhicule dont le conducteur n’avait aucun papier en règle. Et il a osé me dire qu’il allait me faire radier si je l’ennuie car il est le frère d’un haut gradé de la police. Vous vous rendez compte ? »
Pour Jules, gendarme, l’injustice est une autre croix que les militaires portent tous les jours. Fabienne, agent de douane, considère quant à elle que la corruption est une tentation et une croix dans son métier. Mais tous savent qu’« il n’y a qu’un seul général qui guide la vie de tous ».
« Je suis venue dans le but de suivre les pas du Christ. J’espère, à la fin du pèlerinage, que le Christ m’ouvre la voie pour que je sois réconciliée avec moi-même, mes frères d’armes et la population afin que le vrai chef de sécurité, Jésus, nous guide », explique l’adjudant Lépry.
La conversion
Tout au long de la journée, chapelets à la main, ou à genoux malgré les agressions de fourmis magnans, les militaires et paramilitaires sont décidés à vivre intensément leur pèlerinage et à suivre le chemin de conversion que leur aumônier leur recommande : « Comme enseignement, j’aimerais que les hommes d’armes vivent une véritable conversion. Car si le militaire peut se réconcilier avec son frère, si l’armée peut former un bloc pour défendre les intérêts de la Nation et que les prises de partie ne fissurent pas la cohésion de l’Armée nous en serons tous bénéficiaires. »
Source: www.akody.com